A l’issue d’une caravane de presse tenue du 14 au 17 octobre 2024 ayant aux hommes et femmes de saisir les différentes de l’agroécologie au Burkina Faso, les académiciens ont animé jeudi dernier à Bobo Dioulasso une conférence de presse pour donner des éclairages sur les tenants et aboutissants de leur initiative qui a permis de faire un gros plan sur les pratiques agroécologiques dans le pays.
«Par cette initiative, nous souhaitons que les hommes de médias puissent, de par leurs plumes puissent : influencer les consommateurs qui à leur tour peuvent tirer la production car, ce sont eux les premiers concernés par la qualité des produits agricoles mis sur le marché de la consommation ; sensibiliser les leaders d’opinions sur les avantages de l’agroécologie, également sur les limites et les dangers du modèle agricole actuel, et sur les alternatives qui existent ; montrer que l’agroécologie vise plusieurs défis», Dr Nicole Ouédraogo, économiste- gestionnaire et l’une des cinq académiciens du Burkina Faso dans la déclaration liminaire de la conférence de presse.
Défi alimentaire et autres…
Et de poursuivre, énumérant ces nombreux défis de l’agroécologie : «le défi de l’alimentation : il s’agit de satisfaire les besoins alimentaires grâce à une production de qualité, en qualité adéquate et dans le respect de la souveraineté alimentaire ; le défi de la santé : il vise tant la santé des agriculteurs que celle des consommateurs ; le défi économique : il consiste à garantir l’avenir de l’agriculture Burkinabè à travers la rentabilité des exploitations, une augmentation du radio ;
le défi social : il impose de préserver, voire créer, des emplois attractifs et de qualité, en activant la formation, la revalorisation de l’image du métier d’agriculteur ; le défi sociétal : il s’agit de répondre aux attentes de la société et à leurs évolutions en termes de qualité de l’alimentation, en adaptant les modalités de production, de transformation et de distribution ainsi que la logique».
Défis environnemental, technique…
Et ce n’est pas tout : «le défi environnemental : il implique de restaurer les fonctionnalités naturelles des écosystèmes (sols, milieux aquatiques…) pour mieux utiliser les interactions biologiques et leurs potentiels en réduisant les apports d’intrants chimiques et la consommation d’énergies non renouvelables ; le défi territorial : il s’agit de réaffirmer la vocation alimentaire et le lien à la terre de l’agriculture qui doit contribuer au dynamisme des territoires et à la préservation voire l’amélioration des paysages ;
le défi technique : il suppose que les innovations d’ores et déjà conçues par certains pionniers, soient effectivement intégrées et diffusées par la recherche, pour contribuer à relever l’ensemble des défis». «C’est ensemble que nous pouvons mener des actions en faveur de l’agroécologie et être les acteurs de changement», a-t-elle conclu.
ALA, une initiative du ministère allemand de l’agriculture
L’Académie de Leadership en Agroécologie (ALA) est une initiative du ministère allemand de l’agriculture et mise en œuvre par GIZ. L’initiative réunit des experts et expertes de sept pays d’Afrique et de l’Inde dans un programme de renforcement de capacités avec l’appui d’un groupe de coachs, en vue de contribuer fortement à promouvoir des approches agroécologiques visant à conserver les sols fertiles et à réhabilité les sols infertiles de manière intelligente sur le plan climatique et respectueuse de l’environnement.
L’initiative dans le cadre de la présente caravane a également bénéficié au niveau du Burkina Faso de l’accompagnement de plusieurs projets et programmes : le projet d’appui à la promotion de la Contribution Déterminée au niveau National (CDN) ; le projet de protection et réhabilitation des sols dégradés et renforcement des instances foncières locales (ProSol) ; les projets FAIR_Sahel et le GRET/OKDB-Tuy.
«En tant qu’initiative d’apprentissage et de mise en réseau, l’Académie renforce les capacités des individus, des organisations et des réseaux. Les participants améliorent leurs compétences en matière de leadership et acquièrent des connaissances techniques dans le domaine de l’agroécologie. Ils travaillent au sein d’équipes nationales, tout en s’inspirant des expériences d’autres pays et des pionniers de l’agroécologie», a précisé l’académicienne Nicole Ouédraogo. Elle avait à ses côtés deux autres académiciens en l’occurrence Adama Sawadogo, point focal au Ministère de l’Agriculture, des Ressources Agricoles et Halieutiques et Dr Souleymane Ouédraogo, chercher à l’INERA, et le facilitateur national, Dr Dramane Coulibaly, coordonnateur du CESAO-AI.
Faire progresser la transition agroécologique aux niveaux national et mondial
Bref, l’objectif de l’initiative, c’est de faire progresser la transition agroécologique aux niveaux nationaux et mondial. Ainsi, pendant un an, les participants de Bénin, du Burkina Faso, de l’Ethiopie, de l’Inde, du Kenya, de Madagascar et de la Tunisie s’emploient à développer leurs capacités à contribuer efficacement à une transformation socio-écologique, à apprendre la complexité et lever les obstacles au changement pour le développement de l’agroécologie. Mais, au juste, c’est quoi l’agroécologie ?
«Les interprétation de l’agroécologie peuvent varier en fonction des perspectives individuelles de chaque acteur. Toutefois, les acteurs s’accordent à dire que l’agroécologie est mieux comprise à travers une triple perspective : une discipline scientifique, un mouvement social et un ensemble de pratiques agricoles», a explicité Dr Ouédraogo dans la déclaration liminaire des cinq académiciens du Burkina. «L’agroécologie n’est pas de l’agriculture biologique et ne relève des Organismes génétiquement modifiés», ont indiqué pour leur part, respectivement les académiciens Adama Savadogo et Souleymane Ouédraogo.
Du reste, les journalistes, qui ont participé à la caravane de presse précédant la présente conférence de presse, ont pu toucher du doigt les réalités et différentes facettes des pratiques agroécologiques au Burkina Faso. De Loumbila à Panamasso en passant par Yabasso, Houndé, Makogniedougou, Yanaba, ils ont en effet vu en grandeur nature la complexité, la diversité, les opportunités, les défis de l’agroécologie au Burkina Faso. Nous y reviendrons.
Martin Philippe
Burkina Demain