Une quinzaine de femmes Burkinabè dont la présidente de l’Association des femmes albinos du Burkina (AFAB) Maimouna Déné, participent à la troisième édition de l’African Women in Dialogue (AfWID) qui se tient du 27 au 31 janvier 2025 à Johannesburg, en Afrique du Sud, sur la contribution de l’autre moitié du ciel à la paix sur le continent. Dans une intervention digne d’intérêt sanctionnée par un standing ovation, la présidente de l’AFAB a partagé son expérience du Burkina et exhorté ses homologues à plus d’engagement basé sur des valeurs endogènes africaines.
«L’Afrique à la base, c’est le partage, c’est l’entraide. Et tout se joue en famille. Quand je dis tout se joue en famille, je veux parler de l’éducation d’abord et de la nécessité de travailler à réduire les inégalités sociales», a indiqué d’entrée de jeu Maimouna Déné, présidente de l’Association des femmes albinos du Burkina (AFAB).
«C’est mon combat depuis le Burkina Faso et partout»
La présidente de l’AFAB a ensuite explicité le fond de sa pensée via son expérience, en ces termes : «Au Burkina, aujourd’hui, nous travaillons sur les bases endogènes. Ces bases endogènes, c’est d’abord ramener tout à la famille, ce qui implique les femmes parce que tout se fait avec la femme en famille. Parce que non seulement les femmes sont majoritaires dans nos pays mais aussi elles sont consultées dans la plupart des décisions des hommes. En outre, ce sont les femmes qui éduquent les enfants.
Et pour que la paix arrive au niveau macro, il faut d’abord que nous les femmes, travaillions dans les familles sur la paix dans l’éducation de nos enfants. Et chaque fois quand nos maris reviennent souvent révoltés par rapport à un collègue ou une situation, nous devons trouver les mots pour essayer de les calmer en allant dans le sens de la paix. Parce qu’aujourd’hui, plus que jamais, chaque fois qu’il y a un conflit, ce sont les enfants et les femmes qui souffrent. Et tout ce qu’on dit en termes de souffrance des femmes, vous pouvez encore multiplier cela par deux par rapport aux femmes en situation d’handicap. Et c’est mon combat depuis le Burkina Faso et partout ailleurs».
«Les femmes leaders africaines doivent montrer la voie par l’exemple»
Soulignant le fait que l’Afrique a besoin de solidarité pour relever les défis du développement dont celui de la paix, la présidente de l’AFAB a mis en exergue la responsabilité des femmes leaders du Continent qui doivent montrer la voie à suivre, qui doivent être des exemples pour les autres femmes.
«Par expérience, si toutes les femmes ici qui sont toutes des leaders, chacune s’engage déjà à travailler pour la paix dans son entourage. Cela signifie que les femmes qui sont derrière nous, pourront suivre cet exemple. Il faut que nous travaillions également à adoucir. Ainsi, petit à petit, on va arriver également au niveau macro à cultiver cette paix dont nous recherchons tant. Parce que, plus que jamais, l’Afrique a besoin d’être solidaire, l’Afrique a besoin de ses filles, de ses femmes et de tout le monde pour se relever», a-t-elle indiqué.
«Personne ne gagne dans un conflit sur le continent»
A écouter la présidente Déné, personne ne devrait ne devrait se réjouir d’un foyer de conflit sur le continent parce que le destin des Africains est lié d’une manière ou d’une autre. «Parce que, si aujourd’hui, ça ne va pas au Burkina Faso, nous allons partir en Côte d’Ivoire ou au Bénin. Donc, dans ce cas, si quelqu’un au Togo pense qu’il est en sécurité parce que ce n’est pas chez lui, il se trompe».
Malheureusement, peut-être ignorance, «on a l’impression qu’il y a des gens qui se réjouissent à chaque fois que survient un conflit en Afrique parce qu’on pense que c’est dans tel pays et pas dans tel autre pays. On se trompe parce que nous perdons tous».
La démarche inclusive de l’AfWID saluée
La présidente de l’AFAB a par ailleurs salué la démarche inclusive de l’African Women in Dialogue qui se veut une plateforme sans discrimination aucune.
«Travaillons sur la paix, sur la tolérance et surtout sur l’acceptation. Moi, je suis vraiment très ravie de toutes ces rencontres ici parce qu’en aucun moment je n’ai senti aucune petite stigmatisation. Ce qui n’est pas toujours le cas dans beaucoup de plateformes», a-t-elle conclu.
L’AfWID est, faut-il le rappeler, une initiative lancée sous la houlette de Zanele Mbeki, épouse de l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki, qui offre un espace unique de dialogue et de réflexion aux femmes africaines. Une initiative africaine qui vise à rassembler des femmes de divers horizons du continent pour échanger sur les défis et les opportunités dans leurs pays respectifs.
L’édition 2025, la troisième, se tient du 27 au 31 janvier au Birchwood & OR Tambo Conference Centre, à Johannesburg, en Afrique du Sud. Elle réunit quelques 1500 femmes venues des 54 pays du continent. Côté Burkinabè, l’on dénombre une quinzaine de participantes dont la présidente de l’Association des femmes albinos du Burkina Faso.
Martin Philippe
Burkina Demain