Après les Etats-Unis en fin janvier, c’est l’Argentine, un autre pays fondateur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui annonce son retrait de l’organisme onusien pour prendre tout le contrôle de son système sanitaire qui aura payé l’un des lourds tributs de la pandémie du Covid-19 avec environ 130 000 morts.
Certes, l’Argentine, ce n’est pas les Etats-Unis d’Amérique dont le retrait va peser lourd dans la balance budgétaire de l’OMS avec un manque à gagner annuel qui avoisine le milliard de dollars (958,5 millions de dollars pour la période 2024-2025, combinant contributions obligatoires et volontaires), soit le cinquième du budget annuel de l’OMS. Mais, l’Argentine, c’est quand même un pays fondateur de l’OMS et sa contribution au budget annuel de l’organisation sanitaire onusienne s’élève à moins à 4 millions de dollars par an. Ce qui n’est pas rien. Ajouté au grand gap financier que le départ des USA va creuser dans le budget à partir de 2026, cela va devenir plus lourd à combler.
Revoir la stratégie de mobilisation des ressources
En octobre 2024, lors d’un événement à Berlin, l’OMS a reçu d’intéressantes promesses de dons volontaires totalisant 700 millions de dollars pour ses prochains budgets 2025-2028, qui devraient s’ajouter aux 300 millions déjà annoncés par les Unions européenne et africaine. Mais, c’était sans compter avec la météo politique internationale.
Avec ces politiques à Washington et Buenos-Aires, le directeur général de l’OMS, l’éthiopien Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus et ses collaborateurs vont devoir revoir leur stratégie de mobilisation des financements qui visait à augmenter progressivement la part des contributions obligatoires, avec pour objectif d’atteindre 50 % du budget total d’ici 2030.
Compter sur la générosité des gros donateurs et explorer d’autres mécanismes
Il faut espérer que les autres principaux donateurs que sont la Fondation Bill & Melinda Gates, l’Alliance GAVI, la Commission européenne, l’Allemagne, et la Banque mondiale ; la Chine, l’Inde, la Banque européenne d’investissement, Rotary International, etc. iront dans le sens de l’augmentation de leurs contributions pour suppléer le vide que va laisser les Américains et Argentins. A défaut, il faudra initier d’autres mécanismes pour mobiliser davantage de fonds à la hauteur des enjeux mondiaux.
Créée le 7 avril 1948, soit 3 ans après la création de l’ONU, l’OMS travaille aujourd’hui avec 194 États membres pour contribuer à améliorer les systèmes de santé dans un contexte international où les défis ne cessent de prendre de l’ampleur. Et il faut davantage de financements pour répondre efficacement à ces défis. Le budget 2024-2025 de l’OMS est estimé à 6,83 milliards de dollars.
Christian Tas
Burkina Demain