Dans les Cascades, les chrétiens et les musulmans ont, tout comme des membres d’une seule et même famille, communié leur foi au cours d’une rupture collective du jeûne. Avec au menu du buffet commun, une gamme variée de mets locaux et du jus en très grande quantité, servis à tous les fidèles sur place, selon les préférences et goûts de chacun.  C’était le jeudi 20 mars dernier à la Place de la Nation de Banfora, chef-lieu des Cascades.

Chrétiens et musulmans de Banfora ont rompu ensemble leur jeûne ce 20 mars 2025

Initiée par Fatouma Coulibaly, promotrice du Festival Kotto Yiriwa de Banfora et Clément Kaboré, fondateur du Cours privé le partenaire (CPP), la rupture collective du jeûne musulman et chrétien ce 20 mars 2024 à Banfora, s’inscrit dans le cadre de la sauvegarde de la paix et de la promotion de la cohésion sociale au sein de la population. Ainsi, s’inspirant d’initiatives similaires organisées à Ouagadougou et Bobo Dioulasso, les deux principaux acteurs (musulmans et chrétiens) ont savamment mis les petits plats dans les grands pour réaliser cette activité grandiose de grande portée divine qui a ratissé large.

Evènement rassembleur au-delà des musulmans et chrétiens

Sa Majesté Fadouga II, Chef de Canton de Banfora (au milieu) vêtu en blanc

A ce spécial rendez-vous de ce mois de bénédictions, du pardon et de partage, Sa Majesté Fadouga II, Chef de Canton de Banfora et bien d’autres notabilités coutumières et religieuses se sont allègrement joints pour le célébrer en apothéose. Aussi, des autorités administratives de la région ne sont pas restées en marge de l’activité. Yakouba Barro et Fatoumata Karama/ Soulama, respectivement Président et 1re Vice-présidente de la Délégation Spéciale de Banfora, Ibrahim Traoré, Directeur régional des Droits Humains des Cascades, tous confondus par un bain de foule, ont savouré ces instances douces de symbiose interconfessionnelle.

Fatouma Coulibaly, heureuse initiatrice de l’évènement, le justifie par le souci de la cohésion sociale

Par ailleurs, l’occasion faisant le larron, cette activité de brassage des diverses appartenances religieuses a prouvé en cette première édition que des bienfaits du vivre ensemble dans l’unicité, gage de paix pour notre nation surtout dans ce contexte actuel marqué par l’insécurité, des conflits.

Enfin, après la rupture du jeûne, les chrétiens et les musulmans ont prié ensemble. Cette prière sera suivie de bénédictions pour un retour de la paix dans notre pays. Cette célébration s’est soldée par le partage de deux tonnes de sacs de riz aux personnes démunies et nécessiteuses. Notons bien que ce riz est une dotation gratuite de la part d’une structure de la place et a également été distribué gratuitement.

Des acteurs de l’évènement s’expriment

Des organisateurs et participants de la présente cérémonie de rupture collective du jeûne se sont prononcés sur la tenue de l’évènement. Voici leurs propos.

Fatouma Coulibaly, promotrice du Festival Kotto Yiriwa de Banfora : «C’est pour la paix au Burkina, la cohésion à Banfora»

Fatouma Coulibaly, initiatrice de l’évènement

«Dans ce mois de partage pour la rupture collective, d’abord il faut dire que c’est dans le cadre de la cohésion. J’ai vu qu’à Banfora ici, il y a des associations de musulmans dans lesquelles certains musulmans n’en font pas partie. Ou certains musulmans invitent d’autres musulmans qui ne partent pas à ‘leurs activités. Et d’autres musulmans qui ne fréquentent pas les chrétiens et pourtant accompagnent tout le temps les musulmans ou les gens du 15 mai quand ils ont leurs activités c’est-à-dire les gens qui ne prient pas comme nous. Donc, l’initiative est venue de là. Comme on le dit, «Quand on est seul on va vite, mais ensemble on va plus loin». L’idée est juste venue pour la cohésion, faire la promotion du vivre ensemble parce que chacun a une culture différente, une religion différente mais nous sommes tous de Banfora. Nous sommes tous des humains. On a le même sang qui coule dans nos veines. La prière qu’ils ont faite ce soir, c’est pour la paix au Burkina, la cohésion encore à Banfora. C’est une première. On espère prochainement mieux faire que ça. Vraiment, je suis satisfaite parce qu’on ne s’attendait pas à une telle réussite».

Pour Omar Ouattara, représentant les musulmans : «Nous rendons Grâce à Allah  dans sa Miséricorde… »

«Al hamdou lilahi ! Nous rendons Grâce à Allah  dans sa Miséricorde et à Mohammad (PSL), Son Envoyé ! C’est grâce à Dieu que nous sommes réunis aujourd’hui soir à travers l’initiative de notre sœur Fatouma Coulibaly et notre frère Clément Kaboré qui ont mis la main dans la main afin de faire cette noble organisation au nom de la nation, faire appel aux notabilités coutumières et religieuses pour que nous puissions prier ensemble et cultiver en nous le pardon, la tolérance, la paix. Nous sommes vraiment tous émus de cette organisation».

Amédé Zerbo, représentant les chrétiens : «Nous invoquons la paix sur ce pays, sur chacun de nous »

«Nous invoquons la paix sur ce pays, sur chacun de nous, sur notre grande ville Banfora et toute la région. Dieu renouvelle ses bontés chaque jour. Dieu est bon. Et c’est cette bonté qui permet aux fils de se retrouver ensemble. Et nous sommes vraiment des frères parce que dans chacune de nos familles, vous verrez bien des musulmans, des chrétiens, ceux de la religion traditionnelle. Et ça fait beau. Ça ne nous empêche pas de vivre ensemble dans la paix, dans la joie parce que l’odeur de tout bonheur c’est Dieu lui-même. Donc, que le Seigneur renforce cette unité ! Que le Seigneur bénisse notre cohésion sociale ! Que la paix abonde au cours de cette année 2025. Que la paix rejoigne nos familles, nos cœurs, ce pays, notre région, notre continent et le monde entier ! »

Idrissa Soulama, représentant Sa Majesté Fadouga II : «L’être humain, c’est l’enfant d’une même personne»

«Au nom de Sa Majesté Fadouga II,  Chef de Canton de Banfora, les distinguées salutations à tous,  aux autorités !  L’être humain, c’est l’enfant d’une même personne. Il y a les musulmans, les chrétiens, les animistes. Cela signifie que nous venons d’une seule personne et nous devrions nous unir dans la paix, le pardon, la cohésion. Que Dieu maintienne le pays dans la paix !»

Ibrahim Traoré, Directeur régional des Droits humains des Cascades : «c’est surtout le symbole de la paix, de la cohésion sociale, du vivre ensemble…dont notre pays a besoin»

«Tout d’abord, je voudrais remercier les initiateurs de cette belle opportunité. Je pense que c’est surtout le symbole de la paix, de la cohésion sociale, du vivre ensemble, de la cohabitation pacifique dont notre pays a besoin aujourd’hui plus que jamais. Et il faut que nous arrivions à taire nos différences du point de vue religieuse, ethnique et politique et d’autres appartenances que nous avons dans ce pays. À ceux qui prêtent la confusion, la religion ne doit pas nous diviser. Nos différences doivent être une force, une richesse qui nous complètent les uns les autres et non une différence qui doit nous distinguer».

Propos recueillis par S.S

Soumaila Soma, Banfora

Burkina Demain