Comme bon nombre de ceux qui ont connu Amadou Bagayoko, musicien malien décédé le vendredi 4 mars 2025 à Bamako, l’homme de culture Yé Lassina Coulibaly a tenu à lui rendre un vibrant hommage. «Un grand hommage inconditionnel au grand monsieur qu’était Amadou Bagayoko dont la disparition constitue une perte inestimable pour le patrimoine musical et culturel du Mali… Je présente mes sincères condoléances à son épouse Mariam, sa reine de cœur, et toute sa famille. On a perdu un des génies de la musique africaine sur la scène mondiale», relève- t-il dans un écrit dans lequel il rend également hommage à titre posthume à d’autres acteurs importants de la culture africaine décédés, à l’image du réalisateur malien Souleymane Cissé, double lauréat de l’Etalon d’or de Yennenga du FESPACO ou du musicien guinéen Mory Djeli Kouyaté…

«Avec Mariam, ils ont formé un couple et un duo d’artistes talentueux, complices et généreux, dont les mélodies ont enchanté le cœur des enfants, des travailleurs, des retraités, des malades…
Leur répertoire musical est une bibliothèque vivante pour le Mali, l’Afrique et l’humanité.
Je suis fier de leur carrière artistique en perpétuelle recherche d’innovation, où leurs qualités de bâtisseurs et de précurseurs s’est pleinement épanouie, notamment dans de nombreuses collaborations avec des stars internationales.
Amadou et Mariam ont redonné à l’Afrique la dignité, la fierté.
Je me souviens qu’au Mali, au Burkina Faso ou en Côte d’Ivoire, les gens écoutaient leurs cassettes à longueur de journée et combien les sonorités de la guitare d’Amadou ont suscité, chez des générations de jeunes, l’engouement pour cet instrument…
En Europe, comme en Afrique, il était vraiment apprécié et aimé dans le monde du travail. Pour preuve : les nombreux prix et distinctions qui leur ont été décernés…
Amadou était pour moi un ami très cher. Nous avions aussi un ami commun, Valentin Clastrier, avec lequel il a collaboré sur plusieurs albums.
Mes amis, Jean-Philippe Rykiel et Fotigui Tangara ont également tenu à manifester leur émotion et leur solidarité envers le peuple mandingue.
C’est toute l’Afrique qui pleure depuis vendredi, de même que son public sur les cinq continents.
Amadou ne sera jamais mort, il restera dans nos cœurs et nos mémoires.
Les peuples du monde continueront de chanter et danser pour lui, sur ses musiques.
Et sa princesse de coeur, Mariam, perpétuera les valeurs d’amour, de fidélité et de paix, pour communiquer la joie et l’espoir dans le cœur de la jeunesse africaine.
Mes meilleures pensées t’accompagnent, Mariam, dans cette douloureuse épreuve…
Que l’âme d’Amadou repose en paix !
Cet hommage vient du cœur. De la part de Yé Lassina Coulibaly et sa famille».
«Il a fait briller l’art et la culture africaine aux yeux du monde»

«Un des grands bâtisseurs de l’histoire du cinéma africain, Souleymane Cissé, nous a quittés.
Je présente mes condoléances attristées à sa famille, ses amis, ses compagnons de route, ses collègues
Il est l’un des génies qui a fait briller l’art et la culture africaine aux yeux du monde, en témoignant de la richesse de la civilisation africaine, dont il connaissait les mythes, les épopées des empires mandingues…
Il a développé, avec succès, une économie du cinéma africain en Europe et dans le monde.
C’était un visionnaire, enraciné dans la terre africaine, qui croyait fermement dans les valeurs de sa civilisation.
Avec un immense talent et une indéfectible fidélité aux valeurs ancestrales, Souleymane Cissé a écrit une histoire inédite du cinéma africain.
Dans son abondante filmographie, il a su conjuguer le passé et l’avenir, et donner l’espoir à la jeunesse.
Il a imprimé son style personnel dans le cinéma mondial.
Qu’il en soit remercié! Que le Mali et l’Afrique rendent hommage à ce grand homme de culture et perpétuent sa mémoire !
Qu’il repose en paix auprès de nos ancêtres africains ! Yé lassina Coulibaly »
«Mory Djeli Kouyaté était un génie qui maîtrisait son art»
«L’une des voix d’or de l’histoire de la musique mandingue vient de nous quitter… Ce matin, les oiseaux ont chanté avec tristesse cette mauvaise nouvelle.
C’est une immense perte pour l’Afrique et pour l’Europe.
Mory Djeli Kouyaté était un génie qui maîtrisait son art comme un cheval de bataille!
On ne doit jamais oublier cet artiste qui a touché le cœur de toute une génération. Il était très populaire en Guinée Conakry, mais aussi au Mali, au Burkina Faso, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, etc…
Né en Guinée en 1968, il était l’un des grands ténors mandingues : il avait obtenu plusieurs prix en Guinée et à l’international.
J’ai eu le plaisir de faire sa connaissance à Paris, en 1989.
C’était un homme élégant, raffiné, très sociable et ouvert aux autres, toujours prêt à partir à l’aventure pour partager son art…
Il connaissait parfaitement l’histoire du peuple mandingue et soulignait souvent l’importance des figures charismatiques de l’Afrique. Dans ses textes, l’éducation, les droits humains, l’amour, les épopées, les légendes et la grandeur des hommes et des femmes du Mandé occupaient une grande place.
Il a collaboré de nombreuses années avec Jean-Philippe Rikyel, musicien virtuose du synthé et du piano, qu’il avait rencontré en 1989 par l’intermédiaire d’Ousmane Kouyaté, lui-même excellent guitariste.
Jean-Philippe a le don de découvrir les musiciens de talent, Mory Djeli Kouyaté fait partie de ceux-ci, autrement dit, quand il choisit de collaborer c’est que l’artiste a du talent.
Ensemble, ils ont travaillé sur des projets musicaux, réalisé des albums (« Domba », « Kononenta », « Tinkiso ») et se sont produits sur des scènes nationales et internationales.
C’étaient de grands projets, tellement bien faits qu’ils ne pouvaient laisser personne indifférent.
Leurs créations originales témoignent de leur art et de leur volonté de réaliser des mélodies sans frontières.
Au-delà de leur complicité artistique, Mory Djeli et Jean-Philippe avaient tissé des liens d’amitié.
l’Afrique te remercie, Jean-Philippe, de tout ce que tu as réalisé avec ton cher ami Mory Djeli.
Que cela reste dans la mémoire de la jeunesse d’ici et d’ailleurs!
Mory Djeli Kouyaté restera dans nos mémoires comme une grande personnalité du patrimoine culturel africain.
Que son âme repose en paix!
Je présente mes condoléances attristées à tous les djélis du Mandé, à sa famille, ses amis et ses collègues… »
«Par ailleurs, je remercie mon cher ami Jean-Philippe Rykiel de m’avoir informé du décès de Mamadou « Jimi » Mbaye, excellent guitariste du continent africain.
Je présente mes sincères condoléances à la famille de celui-ci, à ses amis, ses collègues, son chef d’orchestre Youssou N’Dour, et au peuple sénégalais».
Par Yé Lassina Coulibaly