Les FDS doivent se ressaisir

S’il y avait un corps au sein de la société burkinabè qui incarnait mieux la probité et l’intégrité reconnues au Burkinabè, au temps fort de la Révolution ; c’était bien celui des militaires et des para- militaires. Et même après la rectification, quand l’on voulait mettre de l’ordre dans un secteur donné, on nommait des militaires. Mais, aujourd’hui la corruption semble être devenue le sport favori de nos forces de défense et de sécurité. En témoigne le dernier rapport du REN-LAC.

Les FDS doivent se ressaisir

 Alors qu’avec l’insécurité et le terrorisme grandissants, le peuple était en droit d’attendre de ses forces de défense et de sécurité l’engagement de «servir et toujours servir», comme dirait l’ex et défunt Maréchal Mobutu du Congo ; l’on assiste à une corruption de plus en plus affirmée en leur sein. Comme cela ressort encore dans le dernier rapport du REN-LAC, celui de 2016, sur l’état de la corruption dans le pays.

Ainsi la police municipale, censée être la force de proximité et de protection des citoyens par excellence, se retrouve au hit-parade des pratiques corruptives dans le pays. La police municipale est suivie de près par la douane, classée troisième. Et le fait le plus inquiétant, c’est la progression fulgurante, dans le classement des corps les plus corrompus, de notre gendarmerie nationale (quatrième) qui était jusque récemment encore respectée des populations pour sa probité et son bon sens du service  public. Et ce n’est certainement pas par hasard que les éléments clés de la garde rapprochée du président en soient issus.  Leur désormais proximité avec le pouvoir est-elle en train de les pervertir ?

La promotion des FDS exemplaires

Il faut donc trouver des remèdes  à ce problème grandissant de corruption au sein de nos FDS. Mais quels remèdes ? Plusieurs solutions peuvent être envisagées, à commencer par la formation pour assurer un certain réarmement moral suffisant au sein de ces FDS. Le capitaine Thomas Sankara, l’a dit à juste titre, un soldat sans  formation, est un danger pour la société.

L’on pourra songer ensuite à améliorer les conditions de travail des policiers municipaux qui apparemment sont les parents pauvres de nos FDS. L’autre possibilité, sera de faire la promotion des FDS exemplaires.  Ce qui, évidemment, est impossible dans un système gangréné par la corruption.

Les choses ne sont pas aussi aisées pour le PF

Le président du Faso qui est rentré récemment du Caire où il a pu certainement prendre le pouls de la plus puissante armée du continent, devrait lui aussi avoir sa petite idée sur la question. Mais,  n’étant pas militaire, les choses ne s’annoncent pas aussi aisées pour lui. Comment faire la promotion d’une armée d’élites sans craindre de se faire renverser par elle.

Au sortir du régime ‘’militarisé’’ du président Compaoré, c’était tout sauf les militaires aux affaires. Le démantèlement de l’ex-RSP sous l’action populaire, était venu accélérer le mouvement. Mais, vite les attentats et actes terroristes se sont multipliés dans le pays, obligeant le pouvoir à reconsidérer la question  militaire. Certes, il n’y a pas encore de militaires nommés aux ministères de la défense ou de la sécurité, mais les visites du chef de l’Etat à des régimes militarisés, comme au Caire ou Karthoum, montrent bien que le vent est en train de tourner.

Elles ont intérêt à revoir leur copie

Et si nos FDS veulent que ce vent tourne véritablement en leur faveur, elles ont intérêt à maîtriser la corruption en leur sein. A nos indépendances, ce sont des civils qui avaient pris le commandement de nos Nations. Mais, des années après, les militaires, prétextant du manque de discipline ou de la mauvaise gouvernance des élites civiles, ont peu à peu pris les rênes  de nos Etats parce qu’ils pensaient mieux  incarner les aspirations populaires. On l’a vu au Congo avec Désiré Mobutu, au Togo avec Gnassingbé Eyadema et même ici au Faso avec les Thomas Sankara et Blaise Compaoré.

Nos politiques civils, qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition, sont également prévenus. La seule et meilleure manière  d’exclure pour longtemps la grande muette des affaires politiques dans des Etats en voie de démocratisation, c’est la bonne gouvernance, la bonne conduite des affaires publiques. Sinon les militaires finiront un jour, prétextant de la colère populaire et de la mal gouvernance, par revenir au-devant de la scène politique. Surtout qu’il devient de plus en en plus compliqué pour les dirigeants africains de jouir de la protection ad vitam æternam des  ex-puissances coloniales. Mais, évidemment, nous touchons du bois, car la pleine expression de la liberté de presse et de la démocratie fait difficilement bon ménage avec les militaires aux affaires.

Philippe Martin

Burkina Demain

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